Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devinrent Irès nombreux, très florissants et très influents.

Ils avaient une méthode excellente, qui est à recommander à tous les contrefacteurs de religion. Ils enseignaient une doctrine, mais ils n’exigeaient pas qu’on en remplît rigoureusement les devoirs. Il suffisait, pour combler les lacunes, de faire quelques petits cadeaux aux idoles. Ils avaient inventé un ciel, un purgatoire et un enfer, et, selon les cotisations, on passait de l’un à l’autre. Ces bonzes connaissaient leur espèce humaine, quoique célibataires. Ils savaient que les Chinois croyaient au principe du rachat des fautes par la pratique de la bienfaisance, et ils en avaient travesti le sens profondément humain, en lui donnant un but beaucoup moins élevé. C’est ainsi que les meilleures doctrines se corrompent.

Au fond, le système théorique des bouddhistes est une sorte d’annihilation mentale. Elle conduit à la manie et au fanatisme, et il n’est pas rare que des disciples trop fervents se tuent, dans l’impatience de voir se réaliser les rêves de leur imagination.