Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/252

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qui viennent en aide au verbe tromper ; il y en a une armée ! Ce pauvre verbe s’est usé à force de servir. L’art a fait des progrès : il est digne de la science ; et maintenant on voit à son service des nouveaux venus, les mots enfoncer, enjôler, rouler, pincer, mots très français : mais que vont-ils faire dans cette galère ? Hélas ! ils sont destinés à vieillir, eux aussi : quels seront leurs remplaçants ! N’importe, il n’y aura jamais un mot assez fort pour dépeindre toutes les niaiseries de la confiance.

Je m’étonnais que Molière et Beaumarchais n’eussent pas présenté aux spectateurs Scapin et Figaro en leur disant, sous forme de prologue : « Retenez bien leurs tours, et voyez comment ils s’y prennent ! » J’étais un naïf : à quoi bon ? le public est trop occupé à rire ; et, pendant ce temps, Scapin fait des petits Scapins : c’est la moralité de la pièce. Ah ! certes, ces comédies seront toujours jeunes ; elles sont immortelles, car elles ont pour les applaudir les trompeurs… et les trompés.