Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/259

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deux femmes et les a opposées l’une à l’autre. J’ai dit que le théâtre était moral, — ce n’est pas moi qui l’ai inventé, — c’est-à-dire que ce qu’on est convenu d’appeler le bien doit être par démonstration le bien et par conséquent récompensé, tandis que le mal sera honni et châtié. Le bien, c’est la femme légitime seule maîtresse du cœur de son époux : le moral, c’est la concubine, vicieuse et perfide. Et qu’on ne nous en veuille pas trop ! Est-ce que Alexandre Dumas fils n’a pas été un innovateur audacieux, lorsqu’il a obligé le père d’Armand Duval à se découvrir devant la femme perdue et à respecter la courtisane détestée des familles ? Et combien ont été déçus, même parmi les plus libéraux esprits, de voir tant d’héroïsme vrai au cœur de cette pauvre Marguerite, dont on pouvait bien dire « qu’elle avait trop de vertu pour n’être point aimée » ! Combien ont trouvé cette œuvre immorale, et la jugent encore telle, parce que l’auteur crée une sympathie convaincue en faveur d’une femme de rien ! Fantaisie d’artiste, se dira-t-on, pour excuser les