Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/303

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qu’on spécialise ces observations où l’esprit est une monnaie courante ; c’est même le seul lieu du monde où elle ait cours, et où l’on puisse venir la dépenser. Ailleurs, on trouve des savants, des hommes de goût, des hommes de bon sens, ou pour résumer toutes les aptitudes extra-muros, des hommes distingués. La plupart sont d’ex-spirituels que la province a épuisés : rien n’est plus dangereux : c’est une mort lente, mais sûre.

L’esprit dont je cherche à faire le portrait ne consiste pas essentiellement dans le choix des mots, mais dans les alliances des mots : de même du choc des idées jaillit la lumière. Il y a des mots qui, bien mis en leur place, ont des sens inattendus ; le sens primitif a complètement disparu, il reste une observation fine, chatoyante, témoignant d’une attention délicate de l’esprit, mais complètement indépendante de l’expression. Les mots n’empruntent leur éclat momentané qu’à un souvenir, une comparaison ; ils ressemblent à ces mannequins dont on peut faire à volonté des empereurs ou des bergers. C’est dans