Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/311

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très spirituel, vient leur raconter, ils ont tous lu la même chose il y a quinze ans, il y a vingt ans, il y a trente ans. Les malheureux ! — et déjà ces choses-là étaient légèrement réchauffées. C’était de l’ancien « très drôle » retapé, remis à la forme. A la longue, ça s’use. On comprend jusqu’à un certain point — le lecteur est toujours indulgent — qu’un chroniqueur soit obligé de faire des emprunts et d’user jusqu’à la corde un bon mot, ou un tour de phrase ingénieux, surtout quand ils sont de lui ; mais il ne faut pas cependant agacer la complaisance : il y a des limites même à l’esprit de ce qui est spirituel. Le faiseur de tours est lui aussi obligé de varier ses exercices pour plaire, et j’imagine qu’on trouverait la récréation fort peu récréative, s’il fallait supporter à chaque séance le tour de la bouteille inépuisable. « Assez ! » lui crierait-on, et à juste titre. On a plus de bienveillance pour l’homme qui a de l’esprit, le faiseur de tours d’esprit : on ne lui dit pas : « Assez ! » on le tolère ; et il exécute périodiquement, à son aise, ses pirouettes amusantes,