Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/351

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Pourquoi ne pas le reconnaître ? la civilisation moderne a supprimé les plaisirs violents et les émotions vives. Il faut bien une compensation. Croyez-vous que, si un édit du préteur annonçait demain la reprise des combats de gladiateurs dans les arènes, le peuple en foule n’irait pas y assister ? Les mêmes acclamations retentiraient dans l’Hippodrome qu’autrefois au Colysée, et le spectacle d’un homme bien frappé, mourant avec la dignité qui convient à un histrion, ferait rugir les âmes tendres du XIXe siècle, comme il enflammait jadis l’enthousiasme des plus civilisés des hommes, les derniers Romains. Cela ne fait aucun doute.

Ce sont toutes ces remarques sur la nature humaine qui ont fait dire à certains penseurs que la société était funeste à l’homme et que la solitude lui était meilleure ; que l’homme naissait parfait... Gardez-vous d’écouter d’aussi pernicieux conseils : car rien n’est plus faux. La société est la réunion des hommes et les hommes sont ce qu’ils sont, c’est-à-dire des hommes, pas plus,