Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/66

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Quand on n’est ni un parvenu ni un sot et que l’on sait borner ses prétentions ainsi que son esprit, il faudrait avoir de la malchance pour ne pas être invité chez une personne dont l’invitation est non seulement un honneur, mais aussi un plaisir ; car l’honneur sans le plaisir est chose peu enviable. En Chine « le monde où l’on s’amuse » existe.

Je reçus, un jour, une invitation à dîner de la part d’un homme très distingué, lettré de haut rang, très riche, très ami des choses de l’esprit, fin gourmet et quelque peu gourmand : possédant en un mot toutes les qualités que la nature nous invite si généreusement à rechercher. Ce n’est pas un crime de lèse-convenances d’avouer qu’on aime ce qui est bon, et j’ai toujours remarqué que les dîners sont bien meilleurs, toutes les fois que l’amphitryon sait qu’il aura à sa table un gastronome émérite : c’est une excellente réputation dont il est très utile de se faire précéder, et Brillât-Savarin serait certainement très honoré dans le Céleste-Empire.