Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/89

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garants éternels de leur fidélité à l’honneur, ce génie de l’âme qui est frère de celui de l’esprit. »

Cette théorie de l’éditeur, dont j’ai essayé de donner le sens exact, en m’aidant en deux endroits de la traduction qu’en a faite M. Bazin, ne satisfera pas sans doute ceux de nos lecteurs qui ont le fétichisme du naturel. Il y a de très nobles esprits qui croient sincèrement aux dons de la nature, et, pour eux, l’homme de génie est à peine conscient de ce qu’il dit et de ce qu’il écrit. C’est un dieu qui l’inspire. Mon éditeur chinois n’est pas de cet avis ; il n’eût même pas admis le nascuntur poetœ, sentence qui n’a eu, je crois, d’autre but que de contenir des ardeurs trop téméraires, dans un temps où les vers devenaient encombrants. « Voulez-vous honorer les muses ? — Mon ami, y songez-vous ? Vous n’êtes pas né poète ! » C’est là un principe excessif. Sans doute, ce droit de naissance est admissible, si l’on veut entendre par là une certaine ardeur d’esprit qui excite le poète ; mais le vers entraînant une