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Oui, la misère s’accroît, mais non chez la bourgeoisie, non chez les petits capitalistes, mais bien chez les ouvriers, chez les producteurs.

Depuis la publication du Capital, il s’est écoulé trente ans ; depuis que Marx formula cette loi qui doit agir « avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature », cinquante ans pleins se sont écoulés. Selon toute probabilité, la loi devrait être justifiée au moins par quelque phénomène économique. Durant ce temps-là, la production et l’échange ont pris un élan inouï, les immenses fortunes privées, des milliards ont surgi, des compagnies colossales se développèrent. … selon cette loi, il faudrait que le nombre des petits capitalistes ait diminué. En tout cas, aucun accroissement dans leur nombre ne devrait avoir eu lieu… n’est-ce pas ? Essayons de voir ce que nous dit la statistique d’Angleterre. Je me borne à ce pays, parce qu’il est renommé pour un pays de production capitaliste par excellence, et parce que Marx lui-même basait toutes ses spéculations dialectiques sur l’analyse de la vie économique d’Angleterre, sans tenir compte du restant de la terre.

D’abord quelques chiffres sur l’enrichissement général.

Les richesses nationales de l’Angleterre se sont accrues depuis le commencement de ce siècle comme il suit :

En millions de francs :
1812
1840
1860
1888




Maisons
6.375
7.000
8.750
10.350
Chemins de fer
525
8.700
21.625
Flotte
375
575
1.100
3.350
Marchandises
1.250
1.550
4.750
8.600
Ameublement, objets d’art, etc.
3.250
9.250
14.500
30.300




   Totaux.
11.250
18.900
37.800
74.225


Ces chiffres nous indiquent bien clairement la véritable origine de la formation des grandes fortunes. En prenant la somme totale des richesses, sans compter la valeur des maisons, nous voyons que la somme