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Que professe aujourd’hui le parti au sujet de la production socialiste et sur le droit individuel dans la société future ?

Dans le chapitre X sur « le socialisme et la liberté », nous lisons :

« La production socialiste n’est pas compatible avec la liberté du travail, c’est-à-dire avec la liberté pour l’ouvrier de travailler quand, où et comment il l’entend… C’est vrai, sous le régime du capitalisme l’ouvrier jouit encore de la liberté jusqu’à un certain degré. S’il ne se plaît pas dans un atelier, il peut chercher du travail ailleurs. Dans la société socialiste (social-démocratique), tous les moyens de production seront concentrés par l’État et ce dernier sera le seul entrepreneur ; il n’y aura pas de choix. L’ouvrier de nos jours jouit de plus de liberté qu’il n’en possédera dans la société socialiste (social-démocratique).

« Ce n’est pas la social-démocratie qui élimine le droit de choisir le travail et le temps, mais le développement (?) de la production même. »

La production, mais non la violence, créa toutes les iniquités, et l’oppression dans le passé, nous disait Engels ; la même production créera l’esclavage dans la société social-démocratique, nous assure l’ouvrage officiel du parti. S’il en est ainsi, pourquoi la même production créa-t-elle dans le passé comme aujourd’hui deux catégories d’hommes : les uns prêchant la discipline, la subordination, la soumission et l’esclavage ; les autres la liberté, l’affranchissement, la révolte et la solidarité ? Pourquoi la social-démocratie prêche-t-elle toujours les doctrines de ceux de la première catégorie, que l’histoire stigmatise des noms de réaction, d’obscurantisme, d’oppression ? Bien que ces deux catégories fussent le résultat du mode de production, néanmoins l’humanité accomplissait son évolution progressive en combattant toujours les hommes et les institutions de la première catégorie et en acclamant les hommes et les institutions de la seconde. Je n’insiste pas sur la conception complètement erronée de l’influence exclusive de la