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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/21

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une lutte acharnée s’engagea en moi-même, entre mon cœur et mon cerveau, et les sens en éveil demandaient à la froide raison : à quoi bon lutter contre une passion ingouvernable ? J’étais, en effet, prêt à lui pardonner tout ce que j’avais souffert, car, après tout, avais-je le droit de lui en vouloir ?

Lorsque j’entrai dans la pièce, il fut la première, voire la seule personne que je vis. Un sentiment de joie indescriptible emplit tout mon être, et mon cœur sembla s’élancer vers lui. Mais d’un seul coup, mon ravissement disparut, mon sang se figea dans mes veines, et l’amour fit place à la colère et à la haine. Il était bras dessus bras dessous avec Briancourt, qui, le félicitant ouvertement de son succès, s’attachait évidemment à lui comme le lierre au chêne. Les yeux de Briancourt et les miens se rencontrèrent ; dans les siens il y avait un regard d’exultation ; dans les miens, un mépris foudroyant.

Dès que Teleny m’aperçut, il se dégagea des griffes de Briancourt et s’approcha de moi. La jalousie me rendit fou, je lui fis le salut le plus raide et le plus distant, et passais outre, sans tenir compte de ses mains tendues.