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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/90

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peut-être mon doppel-gänger[ws 1] ? Alors, malheur à l’un de nous deux ! »

« Pourquoi ? »

« Dans notre pays, on dit qu’un homme ne doit jamais rencontrer son alter ego, cela porte malheur à l’un ou à l’autre ; » et il frissonna en disant cela. Puis, avec un sourire, il ajouta : « Je suis superstitieux, tu sais. »

« Quoi qu’il en soit », ajoutai-je, « si un malheur nous sépare, que cette bague, comme celle de la reine vierge, soit ton messager. Envoie-la-moi et je te jure que rien ne m’éloignera de toi. »

La bague était à son doigt et il était dans mes bras. Notre engagement fut scellé par un baiser.

Il commença alors à murmurer des mots d’amour sur un ton bas, doux, feutré et cadencé qui semblait être l’écho lointain de sons entendus dans un rêve extatique dont je me souvenais à moitié. Ils atteignirent mon cerveau comme les bulles d’un philtre d’amour effervescent et enivrant. Je les entends encore aujourd’hui résonner à mon oreille. Non, en me les rappelant, je sens un frisson de sensualité parcourir tout mon corps, et ce désir insatiable qu’il a toujours excité en moi m’enflamme le sang.

Il était assis à mes côtés, aussi près de moi

  1. Note de Wikisource. En allemand dans le texte : « double ».