Page:Tellier - Les Deux Paradis d’Abd-er-Rhaman, 1921.djvu/49

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« Voilà le paradis qui vous fut promis en récompense de vos œuvres ! »

IX

Cependant Abd-er-Rhaman avait retrouvé au paradis son plus cher ami d’enfance, Salah-ben-Hassein, et il s’entretenait souvent avec lui. Salah était à la fois l’être le meilleur et le plus savant qu’il eût connu sur terre. Un soir, ils se promenaient de long en large sous les arbres éternels, le long des éternels pavillons de perle creuse ; et pour la centième fois ils parlaient de leur ennui.

— Est-ce donc là tout ? dit Abd-er-Rhaman ; et l’homme ne peut-il espérer après sa mort que ce paradis ou celui de Jésus ?

— Non, ce n’est point tout, répondit Salah, et il t’aurait suffi de te convertir à d’autres religions pour être conduit à d’autres cieux. Comme tu as passé le pont Sirath pour venir ici, tu aurais pu passer le pont Tchinevad pour aller au Behescht des Parsis, et le Pont-de-Bambou pour aller au paradis des Formosans. Si tu avais partagé le rêve des Kalmoucks, tu pourrais contempler aujourd’hui le dieu Altangatufun, qui a le corps et la tête