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d’avouer que ceux de Hugo paraissent comme voilés et sourds à côté.

Enfin, M. Leconte de Lisle est un historien et un philosophe.

Un historien, d’abord. Hugo ne se souciait guère, au fond, de ce qu’avaient été les hommes des anciens temps. Toute son ambition n’allait qu’à rimer richement des histoires édifiantes, et à les orner de façon décorative[1]. Cette observation facile, que la première punition du meurtrier c’est le remords, il en tirait une légende hébraïque (La Conscience)[2], une légende scandinave (Le Parricide)[3], une légende écossaise (L’Aigle du casque)[4], une légende pyrénéenne (Gaïfer-Jorge)[5]. Nulle inquiétude en tout cela des diversités d’imagination des peuples. Presque tous les détails, on les transposerait sans inconvénient. Qu’a l’« œil » de Caïn de particulièrement hébraïque ? Et que voyez-vous d’expressément scandinave, je vous prie, dans la pluie de sang qui poursuit Kanut ? Et si Caïn était poursuivi par la

  1. On voit assez que je ne parle ici que du Hugo de la Légende.
  2. Légende des siècles, 1re série.
  3. Légende des siècles, 1re série.
  4. Légende des siècles 2e série.
  5. Légende des siècles, 2e série.