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II

M. Paul Verlaine n’est pas un « jeune. » Il a aujourd’hui quelque quarante-cinq ans. Et il n’est pas non plus un débutant. Il a publié ses Poèmes Saturniens en 1866. Il fut un moment, avec M. Mendès et M. Coppée, l’un des poètes les plus remarqués du Parnasse. Ses Fêtes Galantes surtout furent bien accueillies. Sainte-Beuve s’intéressait à lui. Hugo lui exprimait son admiration. Monselet écrivait à la garde de son exemplaire cette note qu’un bibliophile me signale : « Paul Verlaine est jeune, petit (?), d’une physionomie bizarre. Il a beaucoup de talent… » M. Zola suivait, dit-il quelque part, M. Verlaine et M. Coppée avec une curiosité égale, se demandant lequel irait le plus loin. M. Verlaine disparut subitement peu de temps après la guerre, et l’on fit quinze ans le silence sur lui. Depuis quelques années seulement, il est rentré dans la vie littéraire. Il a une école maintenant, et, en dehors même de son école, il a des dévots.

Ce ne sont pas ses premières œuvres que ces dévots préfèrent ; et je pense qu’ils ont raison. Les Poèmes Saturniens sont un livre de jeune