très jolis ; toutes les scènes sont ou grandioses ou charmantes ; et jamais poète n’a tour à tour élevé et baissé le ton avec une si surprenante aisance. Comme toutes ces allusions à Vulcain, qui éveillent peu à peu la curiosité de Vénus, sont habilement ménagées et variées ! Quelle grâce et quelle finesse dans les conversations de Vénus avec Bacchus et Apollon, et avec Jupiter, et avec Mercure ! Quelle exquise et lumineuse idée que de montrer la femme à demi indifférente au Génie tant qu’elle le croit indifférent à elle, et ne se laissant tout à fait séduire par lui que lorsqu’il s’est mis au service de sa coquetterie ! Et tout cela, qui forme un magnifique et délicieux poème, ne forme-t-il pas en même temps une excellente comédie ? Avec ses trois parties (la naissance de Vénus et son introduction dans l’Olympe, — puis ses hésitations à choisir un mari, — et enfin la façon dont elle se décide pour Vulcain), n’est-elle point, cette comédie, d’une construction très savante à la fois et très simple, comme celles des Grecs ? et y a-t-il un public qui pourrait n’en pas être ravi ? Vous verrez cependant que nul directeur ne la jouera. Si après tout ce n’est pas du théâtre que cela, tant pis pour le théâtre. Et contentons-nous de parler du Forgeron en tant que « poème », puisqu’aussi
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