Page:Termier - Marcel Bertrand, 1908.djvu/20

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nieurs[1]. L’énigme se résout et toutes les difficultés tombent, si l’on admet que le Trias est posé sur le Crétacé, que ce Trias est un lambeau de recouvrement venu d’ailleurs, venu du sud par un pli qui se serait déversé au nord, couché jusqu’à l’horizontale, et qui aurait cheminé plus ou moins loin vers le nord. Peu à peu cette conclusion s’impose à Marcel Bertrand : la Provence est un pays de plis couchés, analogue au bassin houiller franco-belge et aux Alpes de Glaris. Les renversements et les recouvrements ne sont pas limités aux environs du Beausset. La région de Saint-Zacharie, la chaîne de la Sainte-Baume, les environs de Draguignan, montrent des phénomènes analogues, qui restent incompréhensibles tant que l’on n’admet pas des plis couchés, charriés du sud au nord, et de plusieurs kilomètres, sur leur substratum. La fin de 1887 et toute l’année 1888 se passent, pour le jeune professeur, dans l’observation et la description de ces faits étranges, si complètement inaperçus de tous ses devanciers dans la géologie provençale ; et lorsque la Société géologique de France, en 1889, récompense par le prix Fontannes ― récemment fondé et qui n’a pas encore eu d’autre lauréat ― l’œuvre de Marcel Bertrand en Provence, c’est partout, à l’étranger comme chez nous, un unanime concert d’applaudissements.

Alors commence la période brillante et quasi triomphale de cette vie. En 1890, il présente à l’Académie des Sciences un Mémoire sur les refoulements qui ont

  1. Attaché moi-même, au début de ma carrière, en 1884 et 1885, au service ordinaire dans le sous-arrondissement minéralogique de Nice, j’ai connu l’énigme de la mine de la Cadière. Tous les ingénieurs qui m’avaient précédé dans ce service s’étaient acharnés à la recherche d’une solution ; et le dossier de la Cadière, dans les archives du sous-arrondissement, était bourré de notes et de rapports géologiques sur les relations du Trias qui surplombe le gisement lignitifère et du Crétacé qui le contient. Personne, jusqu’à Marcel Bertrand, ne semble avoir eu la moindre idée de la véritable solution, et, quant à moi, je ne l’ai pas entrevue un seul instant.