Page:Termier - Marcel Bertrand, 1908.djvu/22

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en a été quitte pour un bain affreusement froid, et ensuite pour un repos de quelques jours au presbytère de Notre-Dame-de-Rhêmes ; et il a repris ses courses en montagne dès le mois de septembre du même été. C’est que la tâche est ardue et longue. Charles Lory, qui a beaucoup travaillé, a laissé beaucoup à faire, bien qu’il ait vu assez nettement deux choses fort importantes : la disposition en éventail de la zone houillère, et l’âge secondaire du puissant complexe métamorphique que l’on embrasse sous le nom de Schistes lustrés. Préciser la stratigraphie du Trias et du Lias ; résoudre la question, soulevée en 1861 par Lachat et reprise en 1887 par M. Zaccagna, de l’âge houiller ou permien des schistes métamorphiques du Petit-Mont-Cenis, de Modane, de la Vanoise, du Mont-Pourri, du Val-Grisanche ; établir rigoureusement l’âge des Schistes lustrés, non plus sur des arguments douteux et sur des coupes contestées, mais sur une base solide et inébranlable ; suivre vers le nord l’axe de l’éventail carbonifère ; démêler l’écheveau embrouillé des lignes directrices dans une des régions les plus compliquées de la chaîne des Alpes : tel est, avec le levé des contours géologiques, le programme des continuateurs de l’œuvre de Lory. Entre eux tous, Marcel Bertrand divise le travail ; et il reste, avec chacun de ses collaborateurs, en commu-

    l’eau et retenu par les coudes et les épaules… Je ne te dirai pas qu’on soit bien dans une crevasse ; mais, comme j’ai eu tout le temps pleine confiance d’en sortir, je n’ai pas passé une heure aussi atroce qu’on pourrait s’imaginer… R… est resté au haut de la crevasse (pendant que le guide allait chercher du secours), bien plus angoissé et malheureux que moi, me faisant une conversation un peu dénuée d’intérêt, mais enfin m’empêchant d’être seul. À tout hasard, je lui avais enjoint, s’il m’arrivait malheur, de t’écrire que j’avais pensé à toi au fond de ma crevasse. J’espère qu’en aucun cas tu n’en aurais douté… » ― Sauf quelques douleurs et raideurs dans les mollets, Marcel Bertrand ne garda de cette aventure aucune infirmité. Il resta le marcheur infatigable qu’il était auparavant, et c’est dans les années 1892 et 1893 qu’il fit, dans les Alpes, ses plus grandes courses et ses tournées les plus fatigantes.