Page:Termier - Marcel Bertrand, 1908.djvu/25

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quelque temps après son retour ― grand’peur d’avoir très mal vu et de vous avoir tous trompés, et j’ai bien failli en être ennuyé pour moi-même, ce qui eût été un sentiment peu reluisant… Mais non, je n’avais pas si mal vu que je croyais, et j’ai beaucoup de peine à ne pas m’en réjouir. » Sûr désormais de triompher, il répondra à loisir, d’abord par quelques brèves notes, puis, dans trois ans, par deux Mémoires, où le rôle prépondérant des chevauchements et des charriages dans la tectonique de la Provence sera établi d’une façon irréfutable et définitive.

C’est encore en 1895 qu’il collabore avec M. Étienne Ritter à l’exploration géologique de la Tarentaise au nord de l’Isère, et qu’il découvre le faisceau des plis serrés, graduellement déversés et couchés, qui vont désormais rendre classique la région du Mont-Joli près de Saint-Gervais. Je l’ai rarement vu aussi enthousiaste qu’au retour de cette excursion le long de la bordure sud-ouest du Mont-Blanc. Il a compris du premier coup l’immense portée de la découverte. Cette coupe du Mont-Joli, qui montre d’une façon si parfaite la transformation des plis droits en nappes, elle va fournir l’explication, longtemps cherchée, des Klippes suisses, résoudre le problème des Annes et de Sulens, apporter un argument décisif en faveur de la récente théorie de M. Hans Schardt sur le charriage des Préalpes tout en la précisant et la corrigeant, ramener l’attention sur la généralité des recouvrements dans les Alpes, prouver l’origine méridionale de ces recouvrements dans toute la chaîne alpine, et renforcer enfin, pour les esprits qui doutent encore, l’hypothèse des nappes de recouvrement provençales. La Note à l’Académie des Sciences où Marcel Bertrand et son jeune collaborateur décrivent la structure du Mont-Joli est datée du 10 février 1896. Dans l’histoire, que l’on écrira quelque jour, du développement de la doctrine des