Page:Termier - Marcel Bertrand, 1908.djvu/40

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domaine de la géologie, touché à tous les sujets. Il a été excellent stratigraphe dans le Jura, en Andalousie, dans les Alpes françaises, en Algérie ; il a publié, seul ou en collaboration, un grand nombre de cartes géologiques ; il s’est occupé pendant seize ans des bassins houillers, non seulement pour en expliquer la structure, mais pour essayer d’en comprendre la formation, et l’une de ses dernières préoccupations stratigraphiques a été le problème de la répartition des matières volatiles dans les couches de houille ; il a tenté de nous apprendre des choses nouvelles sur l’échelonnement des venues éruptives dans le temps et dans l’espace ; il s’est passionné pendant tout un hiver pour le volcanisme et la sismologie, à l’occasion d’une étude géologique de l’isthme de Panama ; il a cherché, vainement il est vrai, mais avec persévérance, le moyen de découvrir les amas métallifères par la propagation des ondes électriques au travers des terrains ; enfin, et surtout, il a été un merveilleux tectonicien, un sagace interprète des structures, une sorte de Voyant de l’orogénie, s’élevant sans effort jusqu’à la conception de l’histoire entière d’une chaîne de montagnes, et même jusqu’à la vision d’ensemble de toutes les chaînes dont s’est successivement accidentée la surface de la Terre. Avec une pareille universalité de connaissances et un tel goût pour les idées générales, il ne pouvait manquer d’être un admirable professeur. C’est ce qu’il fut, en effet, dans ses bonnes années, de 1886 à 1899. Son cours vivait d’une façon extraordinaire. Il le modifiait sans cesse et ne craignait pas d’y parler, tout au moins brièvement, des questions les plus controversées et des plus récentes découvertes. Disposant d’un auditoire d’élite qu’une forte culture mathématique avait préparé à l’étude directe des très hauts problèmes, il savait, dès les premières leçons, s’emparer de cet auditoire, et l’entraîner à sa suite dans un bien étrange voyage, où l’on planait par-dessus les