Page:Terrail - La France socialiste.djvu/353

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« Science allemande du socialisme », « Base philosophique du socialisme », etc.

De cette façon on émascula complètement la littérature socialiste et communiste française.

Et parce qu’elle cessa, entre les mains des Allemands, d’être l’expression de la lutte d’une classe contre une autre, le philosophe allemand se félicita de s’être élevé au dessus de l’étroitesse française, d’avoir revendiqué, non pas de vrais besoins, mais « le besoin du vrai », d’avoir défendu, non pas les intérêts du prolétaire, mais « les intérêts de l’être humain, de l’homme en général », de l’homme qui n’appartient à aucune classe ni a aucune réalité et qui n’existe que dans les brouillards de la fantaisie philosophique.

Ce socialisme allemand, qui prenait si solennellement au sérieux : ses maladroits exercices d’écolier et qui les tambourinait si insolemment, perdit cependant petit à petit son innocence de pédant.

La lutte de la bourgeoisie allemande et principalement de la bourgeoisie prussienne contre la monarchie absolue et féodale, en un mot, le mouvement libéral devînt plus sérieux.

De sorte que le vrai socialisme eut l’occasion d’opposer les réclamations socialistes au mouvement politique. Il put lancer les anathèmes traditionnels contre le libéralisme, contre l’état représentatif, contre la concurrence bourgeoise, contre la liberté bourgeoise de la presse, contre le droit bourgeois, contre la liberté et l’égalité bourgeoises ; il put prêcher aux masses qu’elles n avaient rien à gagner, mais qu’elles avaient au contraire tout à perdre à ce mouvement bourgeois.

Le socialisme allemand oublia, au moment voulu,