Page:Terrail - La France socialiste.djvu/43

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Aucun travailleur ou petit bourgeois ne pouvait avoir, a priori, des défiances contre une Association qui se présentait avec un programme de délivrance sociale. Au commencement, Karl Marx pratiqua donc un habile opportunisme. Grâce à cette tactique, il eut les ouvriers de Paris, qui ne seraient pas venus à l’Internationale si elle s’était proclamée communiste (on le verra plus loin). Or, sans la section parisienne, l’Internationale eût passé presque inaperçue. L’Association des Travailleurs a grandi, s’est propagée par « la réclame » française.

    sement du travailleur au capital est la source de toute servitude ; politique morale, matérielle ; que pour cette raison, l’émancipation économique est le grand but auquel doit être subordonné tout mouvement politique ; Que tous les efforts faits jusqu’ici ont échoué faute de solidarité entre les ouvriers des diverses nations ; que l’émancipation des travailleurs n’est pas un problème purement local ou national, mais international. »

    On le voit, il y a des grands mots séduisants, mais pas un mot inquiétant dans le texte. En parlant de solidarité, d’affranchissement. Marx s’adressait à des sentiments élevés. Ce langage devait plaire en France à cette époque sentimentale de la fin de l’Empire. Nous avions délivré l’Italie. On chantait que « les peuples sont pour nous des frères ». Le frère prussien ne nous avait pas encore montré la manière de comprendre la fraternité.