Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/112

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pour ceux qui s’approprient les vases, ou pour ceux qui habitent les maisons et les cités ? Le dommage est-il pour l’oppresseur ? ou la faveur pour l’opprimé ? Mais que parlons-nous de nos sueurs ? quand même nous ne jetterions dans la balance que les outrages dont nous avons été accablés, hommes libres plongés dans les prisons comme de vils esclaves ; quand même nos scribes n’étaleraient devant les tribunaux que leurs épaules indignement meurtries et déchirées par les verges, ce ne serait point avec quelques vases enlevés à l’opulence d’un petit nombre de riches, ce serait avec tous les trésors de ceux-ci, avec la fortune de tous les citoyens qu’il te faudrait condamner l’Égypte à racheter de pareilles infamies. » Si la cause des Hébreux est juste et bonne, qu’en conclure ? que l’injonction du Créateur est bonne et juste aussi. Il a imposé la reconnaissance à l’Egyptien malgré lui. Il a indemnisé la longue oppression de son peuple, au moment de sa sortie, par le faible adoucissement d’une secrète compensation. Disons-le toutefois : La restitution fut inégale. L’Égypte a-t-elle rendu aux fugitifs tous les enfants qu’elle avait égorgés ?

XXI. —« Nierez-vous du moins que ses commandements ne soient souvent contradictoires et n’annoncent un caractère fantasque et mobile ? Par exemple d’une part il défend de travailler le jour du sabbat, et de l’autre il ordonne que l’arche d’alliance, pour renverser les remparts de Jéricho, soit portée autour de cette ville pendant huit jours consécutifs, c’est-à-dire pendant le jour du sabbat. »

— Ici tu perds de vue la lettre même de la loi qui n’exclut pendant ce jour que les œuvres de l’homme et non celles de la divinité. « Pendant six jours, dit-elle, tu travailleras et lu accompliras ton œuvre ; mais le septième jour, qui est le jour du Seigneur ton Dieu, tu ne feras aucune œuvre. » Laquelle ? La tienne sans doute. La conséquence voulait que Dieu retranchât de ce jour les œuvres