Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/135

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et à la hâte une décision rendue par des juges si faillibles ? Les Juifs ne reconnaîtraient point le Christ ; ils le mettraient à mort ; la prophétie l’avait signalé avant l’événement. Donc il a été méconnu ; donc il a été immolé par les impies dont Je double crime était signalé d’avance. Te faut-il des preuves ? Je ne déroulerai point à tes yeux la suite des oracles qui, en prophétisant l’immolation du Christ, déclaraient aussi qu’il serait méconnu. S’il ne l’avait méconnu, le Juif l’aurait—il livré à tant d’outrages ? Nous ajournons le développement de ces prophéties au moment où nous traiterons de sa passion. Qu’il nous suffise aujourd’hui de produire brièvement celles qui attestent la possibilité d’une méprise chez les Juifs, en nous montrant que le Créateur avait éteint parmi eux les lumières de l’entendement. « Je détruirai la sagesse des sages, dit-il ; j obscurcirai l’intelligence de ceux qui se croient habiles. Votre oreille écoutera, et vous ne comprendrez point ; votre œil s’ouvrira, et vous ne verrez point. Le cœur de ce peuple s’est aveuglé ; ses oreilles se sont appesanties ; ses yeux se sont fermés. Il a craint de voir la lumière, d’entendre la vérité, d’avoir l’intelligence du cœur, de se convertir, et de trouver le remède de ses maux. » D’où provenait l’affaiblissement dos sens par lesquels le salut devait entrer dans ces âmes ? Ils l’avaient mérité « en aimant Dieu du bout des lèvres, tandis que leur cœur était loin de lui. » Par conséquent, si le Christ était annoncé par ce même Créateur « qui forme le tonnerre, enchaîne l’esprit des tempêtes, et proclame à la terre son Messie, » selon le langage d’Amos ; si l’espérance des Juifs, pour ne pas dire de l’univers, reposait tout entière sur la révélation du Christ, on ne peut en disconvenir, la prophétie démontre formellement que, privés des moyens de le découvrir, aveuglés dans leur entendement, sans lumières, sans intelligence, ils ne reconnaîtraient, ni ne comprendraient le Christ annoncé ; que leurs sages les plus renommés, les scribes ; que leurs hommes