Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/147

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que la vérité était bien plus honorable pour la divinité que ces apparences mensongères sous lesquelles il a fait apparaître son christ. S’il y a eu vérité, il y a eu chair véritable. S’il y a eu chair véritable, il y a eu naissance réelle. En effet les principes que l’hérésie cherche à ébranler se consolident par la destruction de ses moyens d’attaque. Conséquemment, si le Christ a un corps véritable par cela même qu’il est né, s’il est né par cela même qu’il a un corps véritable, il cesse d’être un fantôme. Saluons donc le Messie dont les prophètes annonçaient l’incarnation et la naissance, c’est-à-dire le Christ du Créateur !

XII. Fidèle à tes habitudes, tu attaques encore la comparaison d’Isaïe sous le prétexte qu’elle ne convient nullement au Chris ! . « D’abord, suivant toi, le Christ du prophète devait s’appeler Emmanuel. En second lieu, il avait mission d’abattre la puissance de Damas, et d’emporter les dépouilles de Samarie en face du roi des Assyriens. Double assertion que dément le Messie qui est venu. Il n’a point porté ce titre ; il n’a livré aucune bataille. »

— Et moi, je te rappellerai les circonstances qui accompagnent ces deux oracles. L’Evangéliste attacha immédiatement au mot Emmanuel, sa traduction littérale, afin que l’univers considérât non moins le titre que le sens renfermé dans ce titre. « Emmanuel, » mot hébreu particulier à sa nation. « Dieu avec nous, » signification commune à tous. Examinons donc si cette appellation : « Dieu avec nous, » représentation exacte du mot Emmanuel, ne se vérifie point dans le Christ depuis que ce soleil de justice a brillé sur le monde. Tu ne saurais le nier, j’imagine. Ne l’appelles-tu pas comme les Chrétiens : « Dieu avec nous ? » Ou bien, parce qu’au lieu d’Emmanuel, tu es accoutumé à le nommer dans un autre idiome, Dieu avec nous, serais-tu assez frivole pour soutenir que le véritable Emmanuel désigné par le prophète n’est point encore