Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/151

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dit-il à ces mêmes enfants qu’il avait « autrefois engendrés et nourris, » parce qu’ils avaient imité les dérèglements de ces populations. Ainsi encore l’Égypte signifie souvent dans son langage la flétrissure attachée au monde de l’idolâtrie et de la malédiction. Ainsi encore Babylone, sous la plume de notre évangéliste, représente la grande cité romaine, immense, orgueilleuse de sa domination, et se baignant dans le sang des martyrs. Tel est aussi le sens du nom de Samaritains donné aux mages ; dépouillés, ajoute-t-il, parce qu’ils avaient participé aux superstitions idolâtriques de Samarie.

— Mais le roi d’Assyrie ?

C’est Hérode que les Mages trompèrent en ne venant pas lui annoncer ce qui regardait l’enfant miraculeux qu’il cherchait à surprendre.

XIV. Mais voici que venant en aide à notre interprétation, la confrontation des autres textes sacrés réfute les rêves d’un Christ conquérant que tu l’es formé à cause de quelques armes symboliques, ou de quelques expressions de même nature. « Ceignez votre glaive, ô le plus vaillant des rois, s’écrie David. » Il est vrai, mais que lis-tu précédemment sur le Christ ? « Il surpasse en beauté les plus beaux des enfants des hommes. La grâce est répandue sur ses lèvres. » En vérité, je ris d’entendre le prophète complimenter sur l’éclat de sa beauté et la grâce de ses lèvres, un conquérant qu’il ceignait, de son glaive pour les combats ! « Grandis, prospère, triomphe, ajoute-t-il. Triomphe, pour la vérité, la douceur, la justice. » Je le demande, sont-ce là les œuvres du glaive ? Ou plutôt, ne produit-il pas les vices les plus opposés à la douceur et à la justice, la ruse, la cruauté, la barbarie, fruits inévitables des combats ?

Examinons donc si ce glaive dont les opérations sont si différentes, ne serait pas différent. L’évangéliste nous décrit dans son Apocalypse un glaive à deux tranchants, bien aiguisé, et qui sort de la bouche de Dieu. Il doit s’