Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/153

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à ses pieds, » pour l’adorer humblement. Voilà les combats et les guerres du Christ du Créateur. Voilà le conquérant de la loi nouvelle. Voilà comment il a emporté sur ses épaules les dépouilles, non pas seulement de Samarie, mais de toutes les nations ! Reconnais donc aussi des dépouilles allégoriques dans des mains qui portent des armes allégoriques ! Quand le Seigneur parle en figures et que l’apôtre l’imite, nous pouvons sans témérité adopter des interprétations admises par nos adversaires eux-mêmes. Ainsi le Christ, descendu parmi nous, sera d’autant plus réellement Je Christ d’Isaïe, qu’il a été moins belliqueux, parce que le prophète ne l’annonçait pas comme un conquérant de la terre.

XV. Jusqu’ici nous avons parlé de la réalité de son incarnation, de la réalité de sa naissance, de la réalité du nom d’Emmanuel ! Aux autres titres que porte le Sauveur, et. particulièrement à celui de Christ, que répondent nos ennemis ? Si cette appellation de Christ est commune chez vous comme celle de Dieu ; si, honorant du titre de Seigneur l’un et l’autre père, vous revendiquez pour votre Messie ainsi que pour le nôtre ce nom vénérable, la raison répugne à un pareil système. Ce nom de Dieu, naturel à la divinité, peut s’étendre à tous les êtres auxquels on attribue l’essence divine. L’apôtre n’en excepte pas même les idoles. « Quoiqu’il y en ait qui soient appelés dieux, soit

dans le ciel, soit sur la terre, » dit-il. Il n’en va pas de même du nom de Christ. Comme il ne provient pas de la nature, mais de la volonté qui l’a conçu, il demeure la propriété inaliénable de cette volonté ordonnatrice. De communauté avec un autre dieu, encore moins avec un autre dieu ennemi, qui a ses combinaisons particulières auxquelles il devra des noms particuliers, il n’en admet aucune. Il y aurait une grossière contradiction à désigner sous des noms semblables des dispositions qui se combattent, après avoir forgé deux divinités chacune avec des plans opposés, et cela, quand la preuve la plus authentique de