Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/197

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y a supériorité ? En effet, la guérison est égale, quoique le procédé diffère. Qu’a fait de plus ton christ que mon Elisée ? Il y a mieux. Quelle si grande merveille a opérée la parole de ton christ, que n’aient opérée aussi le fleuve du Créateur ? Même conformité dans tout le reste. S’agit-il de mépriser la vaine gloire ? il imposa silence au lépreux guéri. S’agit-il de maintenir la loi ? il ordonna l’accomplissement des formalités prescrites : « Va, montre-toi au prêtre, et offre pour ta guérison ce que Moïse a recommandé. » Les symboles de la loi annoncés par les prophètes, il les conservait respectueusement jusque sous leurs images qui signifiaient que l’homme, naguère souillé de prévarications, niais bientôt purifié par la parole de Dieu, allait présenter à Dieu l’offrande de ses prières et de ses actions de grâces dans le temple de l’Église par Jésus-Christ prêtre catholique du Père céleste. Aussi ajoute-t-il : « Pour qu’il vous soit en témoignage, » témoignage sans doute « qu’il n’était pas venu détruire la loi, mais plutôt l’accomplir ! » témoignage qu’il était bien le Messie dont il était dit : « Il portera nos maladies et nos infirmités. » Cette interprétation convenable et légitime, s’il en fut jamais, Marcion, adulateur, do son christ, cherche à l’étouffer sous le voile de sa mansuétude et de sa douceur.

— « Il était bon, s’écrie-t-il ; il savait de plus que tout malade délivré de sa lèpre se conformerait aux prescriptions de la loi : l’obéissance qu’il recommande n’a pas d’autre fondement. »

— Mais quoi ? a-t-il persisté dans sa bonté, c’est-à-dire dans la tolérance de la loi, oui ou non ? S’il y persévère, jamais il ne sera le destructeur de la loi, jamais il ne passera pour le Christ d’un autre Dieu, puisque la destruction de la loi manque, seul argument auquel je puisse le faire reconnaître pour le Christ d’un autre Dieu. S’il a été infidèle à sa bonté en renversant dans la suite cette même loi, il a donc plus tard rendu un faux témoignage à l’égard des prêtres, lors de la guérison du lépreux. Il s’est dépouillé de