Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et non de prêcher un dieu nouveau. Je pourrais n’opposer partout que cette réponse unique : il n’avait jamais été proclamé d’autre christ. Mais les Pharisiens se trompaient grossièrement en ne remarquant pas que la loi du sabbat, conditionnelle dans ses prohibitions, distinguait la nature des travaux lorsqu’elle dit : « Tu ne feras dans ce jour aucune des œuvres qui sont les tiennes. » Cette restriction, les tiennes, déclarait œuvres humaines celles qui se rattachent à nos professions, ou à nos emplois de la terre, et non au service de la Divinité ; or, rendre la vie ou la conserver n’est pas dans les attributions de l’homme : à Dieu seul appartient ce pouvoir. De même encore au Lévitique : « Tu ne feras aucune œuvre en ce jour, » aucune, si ce n’est tout ce qui concerne l’ame et la délivrance de l’ame, parce que dans l’œuvre de Dieu destinée au salut d’une ame, un homme peut être instrument, mais Dieu seul agit. Ainsi devait-il arriver pour le Christ, Dieu et homme tout à la fois. Voulant donc initier les murmurateurs au sens de la loi par le rétablissement de la main desséchée, « Est-il permis de bien faire ou de mal faire le jour du sabbat ? » leur demande-t-il ; « de sauver une ame ou de la perdre ? » Espèce de préambule pour les avertir qu’il allait travailler au salut d’une ame ! instruction par laquelle il leur rappelait que les œuvres, interdites par la loi du sabbat, c’étaient les œuvres de l’homme, et les œuvres recommandées, celles de Dieu, et tout ce qui intéresse les âmes.

Il est appelé « le maître du sabbat » parce qu’il le défendait comme sa propriété. L’eût-il anéanti ? il en avait le droit. Connais-tu un plus légitime seigneur que le fondateur d’une institution ? Mais tout maître qu’il était, il le respecta, afin de prouver que le Créateur ne l’avait pas détruit en faisant porter l’arche d’alliance autour de Jéricho. Encore une fois, c’était une œuvre divine recommandée par Dieu lui-même, et destinée à préserver les âmes