Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il s’élève contre les filles de Sion, enorgueillies de leur pompe et de leurs trésors. Plus loin, il s’adresse ainsi aux nobles et aux superbes. « Le sépulcre s’est élargi, et a ouvert ses gouffres immenses. Ils y descendront ces premiers de la nation, ces hommes revêtus de gloire, confondus avec le peuple. » Ne retrouvons-nous pas ici le « Malheur aux riches » du Christ ? « L’homme puissant sera humilié, » c’est-à-dire l’homme ivre de son opulence. « Les yeux du superbe seront obscurcis, » c’est-à-dire, celui qui recueillait des hommages adressés à sa fortune. Il revient sur ce sujet : « Mais voilà que le Seigneur, le Dieu des armées, brisera le vase d’argile : les puissants seront renversés, les orgueilleux seront humiliés. Le fer détruira cette grandeur superbe. » A qui, mieux qu’aux riches, s’applique cette menace ?

« Parce qu’ils ont reçu leur consolation dans ce monde, » par la gloire, l’éclat et les honneurs attachés à leurs richesses… Dans le Psaume 48, il nous rassure contre leur orgueil : « Ne craignez point l’homme quand il accroîtra son opulence, et qu’il étendra la gloire de sa maison. A la mort, il n’emportera pas son opulence, et sa gloire ne descendra pas avec lui dans le tombeau. » « Ne soupirez point après les richesses, » est-il dit au Psaume 61. « Si vos richesses se multiplient, n’y attachez point votre cœur. » Que dirai-je encore ? Cette imprécation elle-même : Malheur ! Amos la fulmina autrefois contre ces hommes qui nagent dans les délices. « Malheur à vous qui dormez sur des lits d’ivoire, et vous étendez mollement sur votre couche ! qui mangez les agneaux choisis et les génisses grasses ; qui chantez aux accords de la lyre ; qui avez pris tons ces biens fugitifs pour des biens permanents ; qui buvez dans de larges coupes un vin délicieux, et répandez sur vous les parfums les plus exquis ! »

Ainsi, quand même je montrerais le Créateur détournant seulement des richesses sans condamner les riches dans