Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/233

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loi et des prophètes ? celui qui était en droit de censurer leur révolte quand même il ne l’eût jamais fait précédemment ? Or, le Dieu qui avait dit avant l’avènement du Christ : « Ce peuple m’honore du bout des lèvres, mais son cœur est loin de moi, » leur reprochait leur vieille insubordination. Sinon, quelle absurdité ! Le Dieu nouveau, le Christ nouveau, le révélateur de cette religion nouvelle et merveilleuse déclarerait opiniâtres et rebelles des hommes dont il n’avait pu expérimenter ni l’opiniâtreté, ni la rébellion !

XVIII. « Je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël. » Témoignage glorieux pour le centurion qui en est l’objet, mais contre lequel proteste ma raison, s’il vient d’un Christ qui n’a rien de commun avec la foi d’Israël. Une foi encore au berceau, disons mieux, qui n’avait pas même vu le jour, ne comportait ni louanges ni comparaison.

— Il ne pourra donc, a votre avis, emprunter l’exemple d’une foi étrangère ?

— Dans cette hypothèse, il n’eût pas manqué de dire que rien de semblable n’avait existé dans Israël ; au contraire, quand il s’attend à rencontrer parmi cette nation une foi de même nature, et. que sa mission n’a pas d’antre but, Dieu et Christ d’Israël, il n’a pu reprendre cette foi débile qu’à titre de vengeur et de rigide observateur. Un antagoniste se fût applaudi de trouver sans autorité une loi qu’il venait décréditer et anéantir.

— Il ressuscite le fils de la veuve.

— Rien de nouveau dans ce prodige. Les prophètes du Créateur avaient plus d’une fois commandé à la mort ; à plus forte raison le Fils de Dieu. Mais que jusqu’à cette époque le Christ n’eût encore introduit aucune autre divinité, cette vérité est tellement évidente que tous les assistants rendirent hommage au Créateur. « Un grand prophète s’est levé parmi nous, s’écrièrent-ils ; Dieu a visité son peuple. » Quel Dieu ? le Dieu qu’adorait ce peuple, apparemment, et au nom duquel