Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/269

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leurs fils, c’est-à-dire par la vertu du Créateur ? Car si tu penses que cette parole : « Si je chasse les démons par Béelzébub, par quel autre vos enfants les chassent-ils ? » soit un reproche qu’il leur adresse de les chasser par Béelzébub, la déclaration qui précède : « Satan ne peut être divisé contre lui-même, » se refuse à ce sens. Tant il est vrai que leurs fils ne les chassaient point au nom de Béelzébub, mais au nom du Créateur, comme nous l’avons dit. Pour le faire comprendre, il ajoute : « Mais si je chasse les démons par le doigt de Dieu, c’est que le règne de Dieu est arrivé jusqu’à vous. » Les magiciens appelés par Pharaon pour contrebalancer Moïse, nommèrent aussi doigt de Dieu la vertu du Créateur. « Le doigt de Dieu est ici, » s’écrient-ils, comme pour signifier la puissance dans la faiblesse. Fidèle à ces oracles, et rappelant plutôt qu’il n’abolissait un passé qui lui appartenait, le Christ nomma aussi doigt de Dieu la vertu divine, qui ne doit pas s’entendre d’un autre, que de celui qui l’avait lui-même ainsi appelé. Le royaume qui approchait était donc le royaume de celui dont le mot doigt indiquait la vertu. Il désigna donc sagement par la parabole du « fort armé, qu’un plus fort surprend et dépouille, » ce prince des démons qu’il avait nommé plus haut Satan et Béelzébub, afin de nous faire comprendre que c’était l’ange déchu qui avait été renversé par le doigt de Dieu, et non pas le Créateur qui avait été subjugué par un autre dieu. D’ailleurs, comment serait-il encore debout avec ses frontières, ses lois et ses fonctions, le royaume de celui qu’un plus fort que lui, le dieu do Marcion, aurait pu subjuguer aussi, même en lui laissant l’intégrité de son empire, si les Marcionites eux-mêmes ne mouraient conformément à ses décrets, en descendant dans la terre, trop souvent convaincus par un faible scorpion que le Créateur n’a pas été vaincu ? « Une femme éleva la voix au milieu de la multitude. Bienheureuses les entrailles qui vous ont allaité ; mais Jésus dit ; Bienheureux