Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/271

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il : « Vous nettoyez l’extérieur du vase » ou la chair, « mais vous négligez l’intérieur » ou l’ame. Et il ajoute : « Celui qui a fait le dehors, » la chair, « n’a-t-il pas fait aussi le dedans, » l’ame ? Par ces paroles, il montra ouvertement que l’homme appartient dans sa « double substance à celui qui préfère la miséricorde » non pas seulement aux purifications extérieures, mais même « aux sacrifices. »

Il ajoute encore : « Donnez l’aumône de ce que vous avez reçu, et tout sera pur en vous. » Que si un autre dieu peut avoir recommandé la miséricorde, toujours ne l’a-t-il pas pu avant de se faire connaître. Or, les faits parlent ici d’eux-mêmes. Il reprochait aux Pharisiens, non pas le dieu qu’ils croyaient, mais la manière dont ils le servaient, celui qui leur prescrivait par une figure la purification des vases, et sans allégorie les œuvres de la miséricorde. Ainsi encore leur fait-il un crime de payer exactement la dîme de quelques herbes, tandis qu’ils négligeaient la justice et l’amour de Dieu. La justice et l’amour de quel Dieu, sinon du Dieu auquel ils offraient la dîme de l’aneth et du cumin, selon les prescriptions de la loi ? Tout le poids de ses censures portait sur leur fidélité aux petites choses, et leur infidélité dans les grandes, au mépris de celui qui disait : « Tu aimeras de tout ton cœur, de toute ton ame, et de toute ta force, le Seigneur ton Dieu qui t’a tiré de l’Égypte. » D’ailleurs le temps lui-même n’eût pas permis que le Christ réclamât un amour si prompt et si prématuré, pour un dieu nouveau, récemment connu, car je ne veux pas dire, non encore manifesté.

Lorsqu’il blâme ceux qui cherchent les premières places ou les salutations honorables, il suit l’exemple du Créateur, qui appelle ces ambitieux des magistrats de Sodome, qui nous défend de mettre notre confiance dans les princes, il y a mieux, qui déclare « le plus malheureux des hommes quiconque s’appuie sur un bras de chair. » Si quelqu’un recherche