Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/273

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la troisième et la quatrième génération ? » Mais quelle clef avait entre leurs mains les docteurs de la loi, sinon l’interprétation de la loi, dans l’intelligence de laquelle ils n’entraient pas eux-mêmes, faute de croire : « Car si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas, » et dont ils fermaient l’entrée aux autres, quand ils enseignaient, au lieu des préceptes divins, la doctrine de l’homme ? Je le demande, le Dieu qui reproche aux docteurs de n’être pas entrés eux-mêmes et de fermer l’entrée aux autres, sera-t-il le détracteur de la loi ou son partisan ? Détracteur, ceux qui fermaient l’entrée de la loi devaient lui plaire ; partisan, il n’est donc plus ennemi de la loi.

— Mais il répétait ces malédictions pour blâmer la cruauté du Créateur envers ceux qui, violant ses lois, tombaient sous le coup de ce mot terrible : Malheur !

— S’il est cruel, qui ne craindra pas plutôt de provoquer ses rigueurs en désertant sa doctrine ? Plus il le représentait comme formidable, plus il nous enseignait à nous le rendre propice, Ainsi devait procéder le Christ du Créateur.

XXVIII. C’est donc à juste titre que lui déplaisait l’hypocrisie de ces pharisiens qui aimaient Dieu du bout des lèvres et non du fond du cœur, « Gardez-vous, dit-il à ses disciples, du levain des Pharisiens, qui est l’hypocrisie, » et non la doctrine du Créateur. Le Fils hait les esclaves en révolte contre son Père ; il ne veut pas que les siens se montrent tels envers lui, lui et non pas un autre dieu qu’aurait outragé l’hypocrisie contre laquelle il eut à prémunir ses disciples. C’est donc l’exemple des Pharisiens qu’il interdit. C’est à l’égard de celui contre lequel les Pharisiens péchaient qu’il défend de pécher. Par conséquent, puisqu’il avait censuré leur hypocrisie, c’était donc une hypocrisie qui, cachant le fond du cœur, recouvrait sa secrète incrédulité d’une apparence de soumission, et qui « ayant la clef de la science, n’y entrait pas plus qu’elle n’y laissait entrer les autres. » Voilà pourquoi il ajoute : «