Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/275

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Conséquemment, puisque les supplices à redouter après la mort, c’est-à-dire l’enfer avec ses châtiments, appartiennent au Créateur, le parjure est donc aussi la propriété du Créateur. Mais si le parjure est puni, aussi bien que le confesseur s’il venait à nier, quoiqu’après l’immolation des hommes, il n’ait plus rien à craindre de leur part, le Christ est donc l’envoyé du Créateur, puisqu’il déclare que les serviteurs parjures envers lui doivent redouter l’enfer du Créateur.

Il vient d’effrayer l’impie tenté de le renier ; il avertit maintenant le blasphémateur : « Si quelqu’un parle contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais celui qui blasphémera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera point pardonné. » Que si la rémission et la réserve du péché trahissent le Dieu qui juge, c’est l’Esprit saint de ce même Dieu qui ne remet point le blasphème, qu’il ne faudra point blasphémer, de même que tout à l’heure il ne fallait pas renier le Messie de celui qui tue l’homme jusque dans l’enfer. Si le Christ interdit le blasphème contre le Créateur, à quel titre est-il son antagoniste ? je l’ignore. Ou bien s’il blâme par ces mots les rigueurs de celui qui ne remet point le blasphème, et qui tue jusque dans l’enfer, alors il ne reste plus qu’à blasphémer impunément l’Esprit de ce Dieu différent et à renier son Christ. Culte, ou mépris, qu’importe ? Le mépris n’amène pas plus de châtiment que le culte ne fait espérer de récompense.

Il défend à ses disciples de s’inquiéter comment ils répondront lorsqu’ils sont conduits devant les puissances. « Le Saint-Esprit, dit-il, vous enseignera au même instant ce qu’il faudra dire. » Si un pareil enseignement émane du Créateur, le précepte viendra de qui est venu l’exemple. Dans les Nombres, le prophète Balaam est mandé par le roi Balac, pour qu’il eût à maudire Israël contre lequel celui-ci engageait le combat. Aussitôt que l’homme de Dieu fut rempli de l’Esprit, au lieu de la malédiction qui lui était demandée, il prononça la bénédiction que