Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui envoie vers les convives est celui qui a préparé le repas, ce festin est encore celui du Créateur, qui, non content de convier à son banquet ces convives appelés à lui dans la personne de leurs pères, leur réitéra son invitation par l’avertissement des prophètes. Il n’est pas le festin de celui qui, sans avoir envoyé aucun serviteur pour avertir les convives, sans avoir rien fait pour la vocation de ses élus, descendit en personne tout à coup. Il ne fait que paraître et le voilà qui invite ; il ne fait qu’inviter, et le voilà qui presse d’arriver à son banquet, commençant le repas au moment où il invite. « Les convives s’excusent. » Invités par le dieu étranger, ils ont raison, car ils l’ont été inopinément ; s’ils n’ont point raison, donc l’invitation n’a point été imprévue. Or, si l’invitation n’a point été imprévue, donc elle venait du Créateur qui les avait invités autrefois. Enfin, c’est de ce même Créateur qu’ils déclinèrent la vocation le jour où ils dirent à Aaron : « Lève-toi, fais-nous des dieux qui marchent devant nous. » De là ensuite cet anathème : « Vous entendrez sans entendre, » c’est-à-dire sans entendre l’invitation de ce même Dieu qui dit par Jérémie d’une manière très-conforme à cette parabole : « Ecoutez ma voix, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu ; et vous marcherez dans toutes les voies où je vous ordonnerai de marcher. » Voilà l’invitation de Dieu. « Et ils n’ont pas écouté, dit-il, et ils n’ont pas prêté l’oreille. » Voilà les refus du peuple : « Mais ils se sont enfoncés dans les désirs et la dépravation de leur cœur. — J’ai acheté un champ, j’ai acquis des bœufs, j’ai épousé une femme. » Il insiste encore : « Et je leur ai envoyé tous mes serviteurs les prophètes. » Ici l’Esprit saint lui-même avertira les convives, « et le jour et avant le jour. Et mon peuple ne m’a point écouté, et il n’a pas prêté l’oreille, et il s’est endurci. »

Dès que cette nouvelle est rapportée au Père de famille, il s’en irrite (mot décisif ! car Marcion niant que son dieu soit accessible à la colère, c’est donc le mien puisqu’il s’irrite,)