Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tu le lui ramèneras. » À plus forte raison veut-il que nous lui ramenions notre frère.

— Mais mon Dieu m’ordonne de pardonner à mon frère sept fois, s’il pèche contre moi sept fois par jour.

— C’est peu : le Créateur demande plus lorsque, sans fixer de mesure, il m’avertit indéfiniment « de ne pas me souvenir de l’injure de mon frère. » Il ne veut pas seulement que je la lui remette sur sa prière, il m’ordonne de le prévenir ; il ne prescrit pas seulement le pardon, mais l’oubli.

Quel sens profond nous cachent et la loi sur la lèpre et les formes diverses de cette maladie, et l’examen du grand-prêtre ; à nous de le savoir. Marcion, lui, nous opposera les lenteurs de la loi, afin d’établir la réalité de son christ qui, s’affranchissant des prescriptions légales dans la guérison des dix lépreux, les guérit sur le chemin, sans les toucher, sans prononcer une parole, sans autre secours que sa secrète puissance et un acte de sa volonté, leur imposant pour toute obligation de se montrer aux prêtres. Comme s’il était nécessaire d’entrer dans le détail des infirmités, quand le Christ a été annoncé une fois comme le médecin qui guérirait nos maladies et nos langueurs, et surtout quand il a justifié la prophétie par des effets ! Comme s’il fallait traduire le Créateur au tribunal de loi, à cause des modifications de son Christ ! Si le Christ a procédé autrement que la loi, l’auteur de la loi la complétait. Que le Seigneur agisse d’une manière par lui-même ou par son Fils, d’une autre manière par les prophètes ses serviteurs, c’est toujours la manifestation de la même puissance, d’autant plus énergique et lumineuse suivant qu’elle part de la Divinité ou de ses instruments. Mais cette matière a été suffisamment éclaircie plus haut.

Maintenant, quoiqu’il ait commencé par dire « qu’il y avait plusieurs lépreux en Israël du temps du prophète Elysée, et qu’aucun d’entre eux ne fut guéri, excepté Naaman le Syrien, » le nombre des malades ne prouve rien