Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/322

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Le Seigneur est debout pour juger les peuples. Il est entré en jugement avec les vieillards et les princes du peuple, suivant Isaïe. Dès ce moment, il accomplit de point en point tout ce qui était écrit sur sa Passion. « Les nations se sont rassemblées en tumulte ; les peuples ont médité de vains complots. Les rois de la terre se sont levés, les princes se sont ligués contre le Seigneur et son Christ. » Les nations, c’étaient les Romains qui étaient avec Pilate ; les peuples, c’étaient les tribus d’Israël. Les rois désignent Hérode, et les princes, les grands-prêtres. Car, envoyé en présent par Pilate à Hérode, il justifia l’oracle prophétique d’Osée, qui avait dit du Christ : « Ils le conduiront enchaîné comme un présent offert au Roi. » Hérode put enfin se réjouir de sa vue, mais il n’entendit pas un mot de sa bouche : « Il a été muet comme une brebis devant celui qui la tond, parce que le Seigneur lui avait donné une langue éloquente, afin de savoir quand il devrait parler ; » cette même langue qu’il disait avec le Psalmiste, « s’être attachée à son palais, » en ne parlant pas.

Un scélérat chargé de crimes, Barabbas, obtient la vie, comme s’il était homme de bien ; mais le Juste par excellence, le Christ, on demande sa mort, comme si c’était un meurtrier. De plus, deux criminels sont crucifiés à droite et à gauche avec lui, « afin qu’il fût placé parmi les scélérats. » Marcion, à cause de la prophétie du Psalmiste, a supprimé le vêtement, tiré au sort et partagé entre les soldats. « Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort. » Retranche donc aussi la Croix elle-même. Toutefois, le même Psaume ne reste pas muet sur cette circonstance : « Ils ont percé mes mains et mes pieds. » Tous les détails de sa mort s’y lisent : « Des chiens dévorants m’ont environné ; le conseil des méchants m’a assiégé. Tous ceux qui me voient m’insultent. Le mépris sur les lèvres, ils ont secoué la tête, en disant : Il a mis son espoir en Dieu ; que Dieu le sauve ! » A quoi bon désormais