Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/342

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Même chose est arrivée à Marcion. Il a oublié les promesses laites à Abraham, dont l’apôtre parlait tout à l’heure. Quoiqu’il ail altéré ce texte, il n’en est pas cependant qu’il lui importât davantage de supprimer. En effet, « Abraham eut deux fils, l’un de l’esclave, l’autre de la femme libre ; mais celui qui naquit de l’esclave, naquit selon la chair ; et celui qui naquit de la femme libre, naquit en vertu de la promesse. Tout ceci est une allégorie, » en d’autres termes, un discours dont le sens est caché. Ces deux femmes figurent « les deux alliances, » ou les deux révélations, ainsi qu’on l’interprète. « La première a été établie sur le mont Sina, et n’engendre que des esclaves. » Elle était particulière à la synagogue des Juifs, en vertu de la loi. « La seconde s’élève au-dessus de toutes les principautés, de toutes les puissances, de toutes les vertus, de toutes les dominations et de tout ce qu’il y a de plus grand, soit dans le siècle présent, soit dans le siècle futur. » C’est notre mère, « la sainte Église, qui a reçu nos promesses. » Voilà pourquoi l’apôtre ajoute : « Aussi, mes frères, nous ne sommes plus les enfants de l’esclave, mais de la femme libre. » Paul a donc prouvé dans ce passage que la noblesse du christianisme a son allégorique et mystérieuse origine dans le fils d’Abraham né de la femme libre, de même que la servitude légale du judaïsme dans le fils de l’esclave ; conséquemment, que les deux alliances proviennent du même Dieu, chez lequel on trouve la première ébauche des deux alliances. Ces paroles elles-mêmes : « C’est Jésus-Christ qui nous a donné cette liberté, » n’indiquent-elles pas que l’auteur de notre liberté d’aujourd’hui, est le même que notre maître d’hier ? Galba lui-même ne se permit jamais d’affranchir des esclaves qui ne lui appartenaient pas ; il eût mieux aimé soustraire à son pouvoir impérial des hommes libres. Le don de la liberté viendra donc de celui qui tenait dans ses mains la servitude de la loi. Qu’y a-t-il de plus conforme à la sagesse ? Il ne convenait pas que des affranchis