Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/383

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Si l’Apôtre n’était pas aussi l’Apôtre des Juifs, eût-il appelé le Juif serviteur de Dieu.

« Alors la loi, aujourd’hui la justice de Dieu par la loi du Christ. » Que signifie cette distinction ? Ton dieu a-t-il servi les dispositions du Créateur, en lui accordant à lui et à sa loi le bénéfice du temps ? Ou bien le maître d’alors est-il le maître d’aujourd’hui ? La loi ancienne appartenait-elle à celui qui a donné la foi du Christ ? Je vois là différence dans les desseins, mais identité dans le Dieu. L’Apôtre ajoute : « Justifiés par la loi, nous n’avons pas la paix avec Dieu par les œuvres de la loi. » Avec quel dieu ? Avec le dieu auquel nous n’avons jamais fait la guerre, ou avec le dieu contre la loi et la nature duquel nous nous sommes révoltés ? Si la paix d’aujourd’hui suppose la guerre de la veille, il faut en conclure que réconciliation et Christ, par la foi duquel nous sommes justifiés, se rattachent à qui doit amener un jour ses ennemis à cette merveilleuse réconciliation. « La loi, dit-il, en venant, a donné lieu à l’abondance du péché. » Pourquoi cela ? « afin qu’il y eut aussi, ajoute-t-il, surabondance de grâce. » La grâce de quel Dieu, sinon du maître de la loi ? A moins que, suivant toi, le Créateur n’ait introduit la loi pour travailler dans l’intérêt d’un dieu étranger, son ennemi, pour ne pas dire d’un dieu qui lui était inconnu, afin que, « comme le péché avait régné par la loi sous son empire, de même la justice régnât par la vie au moyen de Jésus-Christ, » son adversaire. Voilà pourquoi, sans doute, « la loi du Créateur avait tout renfermé dans le péché, précipité tout le monde dans la prévarication, et fermé toute bouche, de peur que l’homme ne se glorifiât par elle, mais plutôt pour que l’effet de la grâce fût réservé à la gloire du Christ, » non pas le Christ du Créateur, mais celui de Marcion.

Je puis toucher ici d’avance un mot sur la réalité de la chair du Christ, en vue de la question qui va suivre. « Nous sommes morts à la loi, » suivant l’apôtre. — Fort bien,