Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/429

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tu introduis de ton propre fonds en dehors de l’Ecriture. Ensuite il faut qu’il y ait là matière à tentation. Pourquoi vouloir le tenter ? Pour savoir s’il était né ou non ? Certes, s’il l’a nié par sa réponse, les paroles de celui qui le tentait devaient la provoquer. Mais jamais la tentation, dont le but est de connaître une chose incertaine, ne procède assez subitement pour qu’elle ne soit pas précédée d’une question qui, en témoignant le doute, sollicite un éclaircissement. Or, si nulle part la naissance du Christ n’avait encore été mise en question, pourquoi conclure qu’ils ont voulu le tenter, afin de savoir ce que jamais ils n’avaient mis en question ?

Nous ajoutons encore que si on avait eu le dessein de le tenter sur sa naissance, on ne l’eût pas tenté de cette manière, en lui annonçant des proches qu’il pouvait ne pas avoir, même dans la supposition que le Christ était né. Nous naissons tous. Nous n’avons pas tous cependant des frères ou une mère. Le Christ pouvait avoir encore son père plutôt que sa mère, des oncles plutôt que des frères : tant il est peu probable qu’on ail voulu le tenter sur sa naissance, qui pouvait exister sans dénomination de mère ou de frères. Il est plus vraisemblable qu’assurés de l’existence de sa mère et de ses frères, ils aient voulu le tenter sur sa divinité plutôt que sur sa naissance, pour reconnaître si, occupé dans l’intérieur de la maison, il saurait ce qui se passait au dehors, ainsi éprouvé par le mensonge de ceux qui lui annonçaient la présence de ses proches quand ils étaient présents. Toutefois, voilà qui détruit toute apparence de tentation. Ne se pouvait-il pas que ceux qu’on lui annonçait debout à la porte, il les sût retenus ailleurs, soit par maladie, soit par quelque nécessité d’affaire ou de voyage à lui connu ? Personne ne tente de manière à ce que la honte de l’épreuve retombe sur lui.

Puisqu’il n’y a point ici matière à tentation, l’avertissement que c’étaient véritablement sa mère et ses frères qui étaient survenus, recouvre toute sa simplicité.