Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/442

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un ange au même titre que Gabriel et Michel. « Le maître de la vigne envoie aussi bien son fils à ceux qui la cultivent, que ses serviteurs pour leur demander compte des fruits. » Toutefois, le fils ne passera pas pour un simple serviteur, parce qu’il a rempli les fonctions d’un serviteur. Je dirai donc, s’il y a lieu, que le Fils est l’ange, c’est-à-dire l’envoyé du Père, plutôt que de voir un ange dans la personne du Fils. Mais, puisqu’il a été dit du Fils lui-même : « Vous l’avez abaissé pour un moment au-dessous des anges, » comment paraîtra-t-il avoir revêtu la nature angélique, lui, ainsi abaissé au-dessous de l’ange ? Cet abaissement ne peut se concevoir qu’en ce qu’il est homme, par sa chair, par son âme, par sa qualité de fils de l’homme. Mais en tant « qu’Esprit de Dieu, et vertu du Très-Haut, » il ne peut être estimé inférieur aux anges, puisque par là il est Dieu et Fils de Dieu. Ainsi, plus dans sa forme humaine il est abaissé au-dessous de l’ange, moins il lui est inférieur sous cette prétendue forme angélique. Cette opinion peut convenir à Ebion, qui fait de Jésus-Christ un homme ordinaire, né du sang de David, c’est-à-dire un homme qui n’est pas fils de Dieu, mais uniquement supérieur aux prophètes sur quelque point ; de sorte que l’auge résidait en lui à peu près comme dans un Zacharie. Il y a une différence, toutefois ; jamais le Christ n’a tenu ce langage : « Et l’ange qui parlait en moi, m’a dit ; » jamais non plus il ne répète ce mot si familier à tous les prophètes : « Voici ce que dit le Seigneur. » C’est qu’il était le Seigneur lui-même, présent au milieu des hommes, et parlant de sa propre autorité : « Et moi, je vous le déclare. » Que faut-il encore ? Ecoute Isaïe s’écriant : « Ce n’est point un ange, ni un envoyé, mais le Seigneur lui-même qui les sauvera. »

XV. Valentin, par le privilège de l’hérésie, a eu le droit de supposer dans le Christ une chair spirituelle. Quiconque a refusé de croire cette chair semblable à celle de l’homme, a pu se la figurer telle qu’il l’a voulu ; puisque