Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/457

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d’une mère sera consacré au Seigneur. » Quel autre est véritablement saint, sinon le Fils de Dieu ? De qui peut-on dire proprement qu’il a ouvert le sein, sinon de celui qui l’a ouvert lorsqu’il était fermé ? Au reste, le mariage ouvre le sein qui conçoit. Le sein de Marie a donc été d’autant plus ouvert, qu’il était plus fermé, Conséquemment, on pourrait plutôt refuser qu’accorder le titre de vierge à celle qui fut mère par anticipation avant de devenir femme. Mais pourquoi m’arrêter davantage là-dessus ? L’Apôtre, en disant sur ce fondement « que le Fils de Dieu est né d’une femme, » et non d’une vierge, a reconnu que le sein fut ouvert, comme chez les autres femmes qui devenaient mères. Il est question dans Ezéchiel « d’une génisse qui engendra et n’engendra pas. » Prenez garde que dans sa prescience l’Esprit saint ne se soit élevé d’avance par ces mots contre vos disputes futures sur l’enfantement de Marie. D’ailleurs, jamais il n’en eût parlé sous forme de doute, contrairement à sa simplicité ordinaire, puisqu’Isaïe affirme qu’une Vierge concevra et enfantera.

XXIV. Les paroles par lesquelles Isaïe flétrit les hérétiques, et surtout ces mots : « Malheur à vous qui changez l’amertune en douceur et les ténèbres en lumière, » s’adressent à ceux qui ne conservent point à ces mots leur signification claire et naturelle, en sorte que l’âme ne soit pas autre chose que l’âme connue sous ce nom, la chair autre chose que la chair que nous voyons, ni Dieu un autre Dieu que celui qui est annoncé. Voilà pourquoi, jetant d’avance les yeux sur Marcion, il dit : « Je suis Dieu, et il n’y a pas d’autre Dieu que moi. » Quand il déclare ailleurs de la même manière qu’il « n’y a pas de Dieu avant lui, » il réduit au néant ces je ne sais quelles générations d’Eons, rêvées par les Valentiniens. Par ces mots : « Ce n’est pas du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu qu’il est né, » il a répondu d’avance à Ebion. Enfin, cet oracle : « Quand même