Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/487

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se relever que ce qui tombe par la mort. Quand on ignore que c’est la chair qui tombe par la mort, on peut ignorer aussi que c’est elle qui est debout par la vie. La nature proclame assurément ce décret de Dieu : « Tu es terre et tu retourneras dans la terre. » Qui ne l’a point entendu, le voit. Point de mort qui ne soit la destruction des organes. Le Seigneur lui-même a exprimé cette loi de la chair, lorsque, revêtu de cette substance elle-même, il a dit : « Renversez ce temple, et je le rebâtirai dans trois jours. » Par là, il nous montre à qui il appartient d’être détruit, brisé, gisant : au même édifice qui doit être relevé, rebâti. Toutefois, il avait une âme qui pouvait « être triste jusqu’à la mort,’ » mais qui ne tombait point par la mort. Aussi, l’Ecriture ajoute-t-elle : « Il parlait de son corps. » Tant il est vrai que c’est la chair que la mort couche dans le sépulcre, pour prendre le nom de cadavre, comme qui dirait, chose qui tombe. L’âme, au contraire, n’a point un nom qui témoigne de sa chute, parce qu’en effet il n’y a point de chute pour elle. Que dis-je ? C’est, elle-même qui amène la ruine du corps, en s’exhalant, comme c’est elle-même qui, en rentrant dans le corps, Je relèvera de la terre. Elle ne peut tomber, puisqu’elle l’a relevé en y rentrant. Elle ne peut se précipiter, puisqu’elle l’a brisé à sa sortie. Pressons davantage ce raisonnement. Lorsque la chair tombe dans le sommeil, l’âme n’y tombe pas avec elle, et ne participe point à ses abattements. Elle continue à s’agiter, elle est active pendant le sommeil ; si elle était étendue, elle se reposerait : elle serait étendue, si elle tombait. Par conséquent, elle ne connaît point la réalité de la mort, puisqu’elle en ignore jusqu’à l’image.

Maintenant, examine aussi le second mot du décret divin : DES MORTS. A quelle substance s’applique-t-il ? Ici, toutefois, nous admettons pour un moment avec l’hérésie la mortalité de l’âme, afin que si l’âme, toute mortelle qu’on la fait, doit ressusciter, il en sorte la présomption que