Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/515

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que de l’autre substance, anéanties et non châtiées, qu’on se souvienne que le feu de l’enfer est éternel, et que le feu est annoncé comme une peine éternelle ; de là, que l’on comprenne que cette immolation éternelle est bien plus à redouter que celle du temps et des hommes ; alors il faudra bien croire éternelles les substances qui mourront éternellement dans les supplices. Indubitablement, puisqu’après la résurrection, le corps doit perdre la vie ainsi que l’ame dans les supplices de l’enfer, il sort de là une preuve irrésistible et de la résurrection de la chair et de la mort éternelle. Ne serait-il pas d’ailleurs complètement absurde que la chair ressuscitée fût livrée dans l’enfer à une mort qui l’anéantirait, puisque la destruction, elle l’eût trouvée sans avoir besoin de ressusciter ? En effet, il est bien croyable que la vie soit rendue à la chair, pour cesser d’être, elle qui a déjà cessé d’être une fois !

Noire Seigneur, nous confirmant dans la même espérance, ajoute l’exemple des deux passereaux, « dont l’un, dit-il, ne tombera pas sur la terre sans la volonté de Dieu, » afin que par là tu croies que la chair qui est tombée dans la terre peut ressusciter par la volonté du même Dieu. Sans doute ce privilège n’est pas donné aux passereaux : mais « nous valons plus que beaucoup de passereaux, » puisque nous ne tombons que pour nous relever. Enfin nous déclarer « que tous les cheveux de notre tête sont comptés, » n’est-ce pas nous promettre qu’il n’en périra pas un seul ? S’ils doivent périr, à quoi bon les avoir comptés, sinon parce que s’accomplit cette parole : Je ne laisserai rien périr de tout ce que mon « Père m’a donné ; » c’est-à-dire ni cheveu, ni œil, ni dent ? D’ailleurs d’où viendraient « les pleurs et les grincements de dents au fond de l’enfer, » si ce n’est des yeux et des dents ? Une fois que le corps souffre une seconde mort dans l’enfer, ainsi « précipité dans les ténèbres extérieures, » les yeux y subissent le châtiment qui leur est propre. Le convive qui se présente au festin nuptial sans le vêtement des