Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/517

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encore le mariage et la mort, ils passeront à la nature angélique, en revêtant un manteau d’incorruptibilité, par la transformation de la chair, ressuscitée toutefois.

D’ailleurs, l’on ne demanderait pas si nous devons connaître encore le mariage et la mort, si l’on ne mettait principalement en doute la résurrection de cette portion de l’homme dont le propre est de se marier et de mourir, c’est-à-dire de la chair. Tu le vois donc, le Seigneur confirme contre les hérétiques du judaïsme la vérité de la résurrection que nient encore aujourd’hui les Sadducéens du christianisme.

XXXVII. De même, quoiqu’il ait dit : « La chair ne sert à rien, » cette parole doit recevoir un sens conforme à la chose dont il s’agit, plusieurs, en effet, ayant regardé ses discours comme rudes et inadmissibles, dans la supposition qu’il leur commandait de manger véritablement sa chair, le Christ, pour leur rappeler que l’essence du salut résidait dans l’esprit, commença par leur dire : « C’est l’esprit qui vivifie, » et il ajouta dans ce sens : « La chair ne sert à rien, » à savoir, pour vivifier. Puis il explique ce qu’il entend par l’esprit : « Les paroles que je vous dis sont esprit et vie, » de même que plus haut : « Quiconque écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne sera point condamné : il passera de la mort à la vie. » C’est pourquoi, comme il établissait un Verbe qui vivifie, le Verbe étant esprit et vie, il Je nomma aussi sa chair, parce que « le Verbe s’était fait chair, » ce Verbe que nous devons désirer pour avqir la vie, dévorer par l’oreille, méditer dans notre intelligence, et nous approprier par la foi. Un peu auparavant, il avait encore déclaré que sa chair « est un pain descendu du ciel, » poursuivant toujours sous le symbole des aliments nécessaires à la vie, la mémoire de leurs pères qui avaient préféré à la vocation divine les pains et les viandes de l’Égypte. Dirigeant donc sa pensée vers leurs secrètes réflexions, parce qu’il savait bien qu’ils allaient le quitter, « La