Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/557

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sommes rendus : nous revivons tels que nous naissons, et non pas tels que nous a faits l’outrage. Si Dieu ne ressuscite pas les hommes tout entiers, il ne ressuscite pas les morts. Quel est le mort qui soit tout entier, quoiqu’il soit mort étant tout entier ? Un homme est-il sain et sauf quand la vie lui manque ? Quel est le corps intact lorsqu’il est mort, lorsqu’il est froid, lorsqu’il est pâle, lorsqu’il est raide et insensible, lorsque c’est un cadavre ? De quelle manière l’homme est-il jamais plus faible qu’alors qu’il est tout faiblesse ? A quelle époque est-il jamais plus paralytique qu’alors qu’il est tout immobilité ? Ressusciter un mort n’est donc pas autre chose que le rétablir dans son intégrité, de peur qu’il ne soit encore mort dans la partie qui ne serait pas ressuscitée. Dieu est capable de refaire ce qu’il a fait. Il a donné dans le Christ une garantie suffisante de sa puissance et de sa libéralité ; il y a plus ; il le montre non pas seulement comme celui qui ressuscite la chair, mais qui la répare. Aussi l’Apôtre dit-il : « Les morts ressusciteront incorruptibles. » Comment cela, sinon que ceux qui autrefois ont été corrompus, soit par l’affaiblissement de la santé, soit par la vieillesse du tombeau, redeviendront tout entiers ? Car plus haut, dans cette double proposition : « Il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité, » l’Apôtre n’a pas répété sa pensée, mais a marqué une différence. En appliquant par celle distinction l’immortalité à la destruction de la mort, et l’incorruptibilité à l’anéantissement de la corruption, il accommoda la première à la résurrection, la seconde au rétablissement de la chair. Aussi a-t-il promis aux Thessaloniciens la restitution entière de toute substance. Désormais, par conséquent, plus de difformités corporelles à craindre. L’intégrité, qu’elle ait été conservée ou rétablie, ne pourra plus rien perdre, du jour où ce qu’elle peut avoir perdu lui sera restitué. En soutenant que la chair, si elle ressuscite la même, sera encore exposée aux mêmes passions,