Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/56

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adeptes, d’encouragement pour les initiés, je veux parler des Antithèses ou Oppositions dans lesquelles le maître s’efforce d’établir qu’il y a conflit entre l’Evangile et la loi antique, afin que de la lutte des deux testaments, il infère la diversité des dieux ? Ainsi, puisque l’autre dieu de l’Evangile opposé au Dieu de la loi antique, a commencé avec la séparation de la loi mosaïque et de l’Evangile, il est évident qu’avant cette prétendue scission ce dieu était inconnu, sa notion ne datant que de cette époque. J’en conclus que ce dieu ne s’est point manifesté dans la personne d’un christ qui existait déjà avant cette séparation, Où donc a-t-il pris naissance ? Dans le cerveau du sectaire. L’Evangile et la loi vivaient dans une harmonie que rien n’avait troublée jusque-là depuis l’apparition du Christ ; jusqu’à l’impudence de Marcion. Point d’autre dieu de la loi et de l’Evangile, que le Créateur. La raison proclamait cette vérité ; il fallait qu’après un si long intervalle un habitant du Pont vînt faire cette séparation.

XX. Cette preuve, courte et lumineuse, attend de nous un complément pour réduire au silence les vaines clameurs de nos ennemis. On veut que Marcion, loin d’avoir rien innové, en séparant la loi mosaïque et l’Evangile, n’ait l’ait que ramener à son institution primordiale la vérité que l’on avait corrompue. O Christ, maître si patient, tu as pu endurer pendant tant d’années que ta parole fût pervertie jusqu’à ce que Marcion et les siens vinssent à ton secours ! « En effet, ils font grand bruit du prince des apôtres et des autres colonnes de l’épiscopat, censurés par Paul, pour n’avoir point marché droit dans les sentiers de l’Evangile. » Mais Paul, encore nouveau dans la grâce, troublé, craignant de courir ou d’avoir couru inutilement dans la carrière où il était novice, conférait pour la première fois avec les apôtres, venus avant lui. Qu’est-ce à dire ? Si Paul crut avec l’ardeur d’un néophyte, qu’il y avait quelque chose à blâmer dans les coutumes du judaïsme, c’est-à-dire qu’il fallait accorder l’usage des viandes