Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/58

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abolirai, avec ses sabbats, ses solennités, ses néoménies, et toutes ses observances. » Isaïe parle comme Osée. « Vos néoménies, vos sabbats, votre jour solennel me sont en horreur. Mon ame repousse avec dégoût vos veilles, votre jeûne, vos jours de fête. » Si le Créateur avait répudié long-temps d’avance ces rites passagers, dont l’apôtre proclamait le discrédit, la décision de l’apôtre est donc en harmonie avec les décrets du Créateur. Elle atteste invinciblement que le Dieu prêché par lui est le même Dieu dont il faisait respecter les antiques et solennels décrets. Il n’avait pas d’autre pensée quand il censurait ces faux apôtres, et ces frères hypocrites, qui, sans tenir compte de l’Evangile promulgué par l’envoyé du Créateur, sacrifiaient à l’antique alliance que celui-ci avait répudiée, la nouvelle alliance dont il avait prophétisé l’avènement.

XXI. D’ailleurs, si prédicateur d’un dieu nouveau, il travaillait à abolir la loi du Dieu ancien, pourquoi, muet sur le dieu de Marcion, se contente-t-il de proscrire la loi ancienne uniquement ? Pourquoi ? Parce que la foi au Créateur subsistait. Parce que la loi ancienne devait seule disparaître, comme le Psalmiste l’avait chanté d’avance. « Brisons les chaînes dont ils nous ont enlacés ; éloignons de nos têtes le joug qu’ils portaient. » N’a-t-il pas dit encore ? « Les nations se sont rassemblées en tumulte et les peuples ont médité des choses vaines. Les princes de la terre ont été debout, les magistrats se sont ligués contre Dieu et son Christ. » Que Paul annonçât un autre dieu, Paul eût-il disputé avec le prince des apôtres sur le maintien ou l’abrogation d’une loi qui n’appartenait point au dieu nouveau, ennemi de la loi antique ? En effet, la nouveauté et l’opposition de ce dieu eussent tranché la question de la loi ancienne et étrangère ; il y a mieux : jamais la question n’eût été soulevée. Mais non ; en promulguant dans le Christ le Dieu de la loi ancienne, on dérogeait à, sa loi : là était le point fondamental. Ainsi, toujours la foi dans le Créateur, toujours la foi dans son Christ ;