Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/84

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elle le transporta dans un jardin de délices, antique symbole de l’Église. Il lui manquait encore un bien au milieu de tant de biens. La même bonté donna une compagne au maître de la terre : « Il n’est pas bon que l’homme demeure seul. » Elle savait que ce sexe serait celui de Marie, et serait un grand bien pour l’Église.

Cette loi même que tu blâmes, que tu tortures en injurieuses controverses, c’est encore la bonté qui l’a imposée à l’homme, pour enchaîner l’homme à son Dieu par son propre intérêt. Livré à lui-même et affranchi du joug divin, qu’eût-il semblé ? un objet de dégoût pour son maître, un autre animal jeté pêle-mêle parmi ces animaux stupides qui devaient lui obéir, et que Dieu n’abandonne à leurs libres penchants que pour attester le mépris où il les fient. Au lieu de cela l’éternelle Sagesse a voulu que l’homme seul pût se glorifier d’avoir été jugé digne de tenir sa loi de Dieu, et que, créature raisonnable, élevée à l’intelligence et au discernement, il fût contenu par une liberté raisonnable, soumis au monarque qui lui. avait soumis la nature.

Les bienveillantes prévisions de la bonté ne s’arrêtèrent point là. « Le jour où vous mangerez de ce fruit, dit-elle. à nos premiers parents, vous mourrez de mort. » Dernier acte de miséricorde qui leur signalait les funestes conséquences de la transgression, de peur que l’ignorance du péril ne favorisât l’infraction du précepte. Si la promulgation de la loi était marquée au coin de la sagesse, la même sagesse demandait que, pour faire respecter la loi, un châtiment fût assigné à la prévarication. Mais ne l’oublions pas ! annoncer d’avance le châtiment, c’était ne pas le vouloir. Reconnais donc la bonté de notre Dieu. Elle se manifeste de toutes parts, dans les œuvres, dans le langage, dans les miséricordes, dans les prévisions, dans les préceptes, dans les avertissements.

Abordons les difficultés.

V. Chiens immondes, que l’apôtre chasse de l’assemblée sainte,